Qu'ils soient appelés accompagnant(e)s sexuel(le)s, aidant(e)s sexuel(le)s, assistant(e)s, assistant(e)s sexuel(le)s ou accompagnant(e)s, aidant(e)s, assistant(e)s érotiques, ils font parler d'eux... Ils existent depuis plus de 20 ans en Hollande et au Danemark, 17 ans en Allemagne, plus récemment en Suisse allemande et maintenant en Suisse française. A quand en France ?
Les accompagnants sexuels
Qu'ils soient appelés accompagnant(e)s sexuel(le)s, aidant(e)s sexuel(le)s, assistant(e)s, assistant(e)s sexuel(le)s ou accompagnant(e)s, aidant(e)s, assistant(e)s érotiques, ils font parler d'eux... Ils existent depuis plus de 20 ans en Hollande et au Danemark, 17 ans en Allemagne, plus récemment en Suisse allemande et maintenant en Suisse française. A quand en France ?
Le Dr Bernadette Soulier, médecin sexologue spécialiste du handicap, diplômée de thérapie comportementale, de psychologie médicale, de sexologie et de relaxation a tout récemment accordé un entretien sur ce thème à notre confrère et partenaire Handica.com. Nous reprenons dans cette page l'intégralité de cette grande dame qui n'a jamais mâché ses mots et ose appeler « un chat, un chat ».
H. : S'agit-il de prostitution?
Bernadette Soulier : L'assistance sexuelle est une offre de sensualité, de caresses érotiques et sexuelles, d'affection où cunnilingus, fellation et pénétration sont en général interdit, cela contre de l'argent. Une forme de " prostitution tendresse". Mais il n'y a aucun rapport avec
" une passe ". C'est un don de soi pendant une heure, à un prix fixe, pour réveiller des corps oubliés.
H. : Pourquoi vouloir faire un tel travail ?
B.S. : Etre accompagnant(e)s sexuel(e)s ne peut se faire qu'au sein d'une structure reconnue pour son éthique. Des hommes, des femmes ont décidé d'apporter ce qu'ils pouvaient donner aux autres : leur tendresse, leur affection. Ils veulent prendre dans les bras et accueillir contre leur peau la souffrance humaine et la solitude, caresser des corps ratatinés par les contractures, toucher affectueusement des membres amaigris par la paralysie, transmettre du bonheur en massant tendrement des corps abîmés pour leur insuffler du bien-être.
H. : Comment devenir assistant(e)s sexuel(le)s ?
B.S. : La formation comprend une sélection rigoureuse, un travail de réflexion. Elle a pour ligne de conduite le respect de la personne handicapée et de son intimité. Puis, les accompagnateurs sont supervisés dans leur travail. Chacun veille à être à l'écoute du désir de la personne handicapée, apprend à verbaliser ce qu'il comprend pour être sûr de la demande, essai de percevoir les souhaits non exprimés. Il est tellement facile de dire « c'était pour son bien » et d'abuser celui qui ne peut parler et se mobiliser. C'est pourquoi un tel service ne peut se mettre en place qu'encadré.
Ces assistants exercent un autre métier, au moins à mi-temps, et consacrent une heure quand on les appelle pour offrir de l'amour par le biais de massage érotique, de confidence, d'écoute, d'aide à réaliser certaines caresses. A combien d'euros peut-on évaluer le bonheur transmis dans ces échanges ou la personne handicapée est considérée comme un individu à part entière et ou les caresses se font sur la totalité du corps sans montrer ni peur, ni dégoût ?
H. : Pourquoi les professionnels ne sont-ils pas adaptés pour ces prestations ?
B.S. : Pourquoi les professionnels ne sont-ils pas adaptés pour ces prestations ?
Offrir ce bien-être aucun médecin, infirmière ou professionnels du soin, ne peut le faire d'autant que la loi l'interdit et que les conséquences psychologiques lors de passage à l'acte peuvent provoquer de profondes dépressions, un fracas psychologique et des tentatives de suicides.
H. : Pourquoi une prostituée n'est-elle pas adaptée pour ces prestations ?
B.S. : S'il est simple de dire « Ils n'ont qu'à aller voir des prostituées ». Il est très difficile d'en trouver une qui accepte d'aller avec une personne handicapée (trop de perte de temps, peur, locaux inaccessibles...) Pendant une passe, pressée par le temps, jaillissent des réflexions douloureuses à entendre surtout lors des premières fois ou lors de difficulté: « Alors, ça
vient ? » L'esprit est davantage au sexe rapide qu'à l'émotion affective.
Les aidant(e)s sexuel(le)s ont une obligation de suivi médical pour éviter de transmettre des maladies sexuellement transmissibles. Ils savent manipuler une personne alitée sans lui déclencher de douleur, la déshabiller puis la rhabiller, faire avec la sonde respiratoire de trachéotomie, remettre un pénilex à la fin de l'acte...Ils ne repartent que quand la personne est à nouveau confortablement installée épanouie.
H. : Qui sommes-nous pour avoir le droit de juger de ce qui est bien pour les autres sous prétexte de handicap ?
B.S. : Personne n'interdit le développement les « Câlins gratuits « puisque cela s'adresse à des personnes autonomes ! Cette idée naît en Australie en avril 2007 a été aussitôt reprise au Japon et dans le monde entier par le biais d'Internet. Des personnes se plantent debout en pleine rue avec une pancarte ou il est écrit « Free hugs » ou « Câlins gratuits » et enlacent ceux qui le désirent...
Pour l'instant, en France, une alternative à l'assistance sexuelle, peuvent être les massages complets de tout le corps pendant également une heure mais ou l'aspect sexuel n'est pas abordé.
Les fractures de la vie font réfléchir et changer nos convictions. Parler de certains sujets sans être concernés est aisé. Mais si à la suite d'un accident ou d'une maladie, vous vous retrouviez totalement dépendant. Bloqué dans votre lit, à attendre pour qu'on vous gratte le nez, à patienter pour que quelqu'un vous fasse boire, à subir les sarcasmes de celui qui vous lave le derrière. Abandonné par votre partenaire. Seul, ne sachant comment rencontrer quelqu'un qui pourrait vous aimer dans cet état ? Ecrasé de solitude, peut-être aimeriez vous qu'on vous prenne dans les bras en vous disant des mots tendres, même en échange d'un peu d'argent...
Bernadette soulier est l'auteur de deux livres :
- Aimer au-delà du handicap.
- Vie affective et sexualité du paraplégique
Dr Bernadette Soulier
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