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Docteur Patricia BLONDEL et Docteur Elisette ANDRIANAJA (Centre Edouard RIST) -la prolématique spécifique de l'appareillage des adolescents cérébro-lésés - la lettre 3 r - 3ème trimestre 2003


Notre propos visant à faire émerger la spécificité de la démarche d'appareillage chez les adolescents cérébrolésés, nous nous sommes limités au champ des adolescents éveillés et qui récupèrent un minimum de vie relationnelle et fonctionnelle.

Nous traitons des lésions cérébrales posttraumatiques (le traumatisme crânien) et médicales (post accident vasculaire cérébral, suite de tumeur cérébrale,...).

L'appareillage des cérébrolésés, encore plus quand il s'agit de l'adolescent ,nécessite une bonne connaissance et une bonne évaluation des lésions neurologiques, neuropsychologiques et comportementales.

Avec une approche psychologique et environnementale pertinente.

Trois vignettes cliniques nous permettront d'illustrer notre propos et d'avancer quelques conseils dans cette approche, pour faciliter la compliance au soin.

Bref Rappel:

"Connaître et évaluer les lésions,...pour adapter l'appareillage"

Il ne s'agit pas de traiter la question exhaustive de l'appareillage des cérébrolésés, mais de rappeler brièvement les grands cadres cliniques qui commanderont une stratégie d'adaptation et d'application.

Nous avons choisi de nous situer du point de vue néophyte souvent désarçonné par la complexité du tableau clinique et les réactions parfois imprévisibles de l'adolescent cérébrolésé.

• Les troubles neurologiques visibles, "la partie visible de l'iceberg"

  • la partie cachée de l'iceberg: le handicap invisible.

La problématique adolescente dans l'appareillage

Elle est proche de celle de l'adolescent polytraumatisé sans lésions cérébrales, mais l'atteinte des fonctions cognitives, intellectuelles et comportementales viendra amplifier les difficultés auxquelles se confrontent les adolescents dans la maladie ou l'accident, "période de ré-gression obligée".

Vers une nouvelle identité,...

• la maladie ou l'accident créent une rupture définitive dans la psycho-dynamique de l'adolescent et compromettent son accès à l'autonomie sociale

Dans la première phase, tout le monde est sous le choc, puis l'adolescent devient "le rescapé" et petit à petit va se dessiner l'inventaire des séquelles, à l'âge a priori de la «pleine santé ».

-le processus d'infantilisation

la famille ou l'entourage significatif a tendance à réagir en surprotégeant l'adolescent, le replaçant dans son positionnement d'enfant et par là de dépendance.

Ce d'autant plus qu'il est déroutant au plan comportemental.

 

-la quête identitaire de l'adolescent cérébrolésé et le renforcement du paradoxe (vulnérabilité/toute puissance).

Quelque soit l'image extérieure qu'il présente du fait des ses lésions, avec une distorsion plus ou moins grande, l'adolescent reste fondamentalement adolescent et revendique d'être considéré comme tel.

Il demande à sa famille et à ses thérapeutes que son espace, son aspiration à l'autonomie reste prise en compte.

La non prise en compte de cette attente accentue ses difficultés psychologiques, majorant ses troubles comportementaux ,prenant selon son histoire et ses lésions une attitude de repli et de refus ou d'agressivité voire de violences.

Le cercle infernal de la non compliance est installé.

  • Proposition de démarche d'appareillage pour favoriser la compliance au soin...

L'appareil est encore plus que chez l'adolescent polytraumatisé sans lésions cérébrales, un enjeu potentiel fort dans la partie à quatre qui se joue entre l'adolescent, sa famille, le prescripteur et son équipe et l'appareilleur.

"L'adolescent est un jeune adulte en devenir"

La prise en compte dès le premier contact par le prescripteur et l'appareilleur de cette réalité conditionnera les possibilités d'alliance thérapeutique.

Quelque soit l'état de dépendance de l'adolescent.

Il faudra utiliser avec l'adolescent et sa famille un parler vrai, exposer clairement les objectifs de l'appareillage, ne pas abuser "du tutoiement"

Ceci pour ne pas exacerber le sentiment de dépendance forcé dans lequel se trouve l'adolescent, et ne pas amplifier sans en avoir conscience les raisons de son refus et ses troubles du comportement.

 

Trois histoires cliniques

CONCLUSION

 

Chez les adolescents cérébro-Iésés, la décision d'appareiller est un élément fort de la démarche de soin.

Elle nécessite:

  • Un bilan complet neurologique, neuro-psychologique précis
  • une approche psychologique de l'adolescent et de sa famille
  • d'intégrer la composante environnementale : situer, impliquer et convaincre la famille pour obtenir l'adhésion (un lien fort avec la famille est un atout non négligeable)

Dans certains cas complexes comme celui des familles recomposées, un cahier de liaison pour le suivi et l'application est un précieux outil.

  • La concertation avec l'équipe qui prendra en charge le patient (homogénéité des pratiques, formation, même langage), avant toute décision.
  • De bien choisir l'appareilleur, applicateur fidèle
  • L'ergothérapeute qui connaît bien le patient ou l'appareilleur externe que l'on connaît bien et qui comprend les adolescents.
  • De bien juger de l'utilité (rapport coût/bénéfice )

L'appareillage de l'adolescent cérébro-Iésé mobilise beaucoup d'énergie, parfois pour un résultat médiocre.

Il faut savoir accepter les temps d'hésitations de l'adolescent et de son entourage, prendre le temps de convaincre et se rappeler que même en cas d'échec de l'appareillage, l'énergie n'est jamais donnée à fonds perdu.

Docteur Patricia BLONDEL et Docteur Elisette ANDRIANANJA

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