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Nicole de TABURNO, Jean-Pierre GAREL, Dominique GAZA-GONNET - des troubles associes aux atteintes motrices - readaptation n°505 décembre 2003


Dans le cadre scolaire, les problèmes d'apprentissage des enfants ou adolescents présentant une déficience motrice sont beaucoup plus liés aux troubles associés à la déficience qu'à l'incapacité physique proprement dite.

Ces troubles, qui ne sont pas proportionnels à l'atteinte motrice visible, accompagnent essentiellement les déficiences d'origine cérébrale. Outre la lenteur, fréquemment rencontrée dans la réalisation des tâches scolaires, ce sont des troubles pouvant être dus à une épilepsie mais également et surtout des troubles neuropsychologiques. Des difficultés psychoaffectives peuvent aussi être présentes.

 

Les troubles organiques pouvant être associés à une lésion médullaire

RÉTRACTIONS MUSCULAIRES

 

La spasticité et l'absence de mouvement induisent des rétractions à l'origine de déformations orthopédiques.

FRAGILITE OSSEUSE

L'absence de mouvements favorise l'ostéoporose.

PARA -OSTEO- ARTHRO PATHIE

C'est une ossification qui se forme au voisinage d'une articulation et qui entraîne une ankylose.

TROUBLES SENSITIFS

Lorsque la moelle est détruite, les sensations provenant du niveau sous-lésionnel ne sont pas transmises au cerveau. La perte de sensibilité aux points de pression (siège, chaussures, appareils) est à l'origine de séquelles trophiques: escarres, ulcération.

 

TROUBLES SPHINCTERIENS

L'impossibilité de commander volontairement les sphincters risque d'entraîner d'importantes complications rénales.

 

DIFFICULTES D'ADAPTATION A L'EFFORT

  • Le jeu respiratoire peut être entravé par paralysie des muscles intercostaux dans le cas des lésions hautes, entraînant une diminution de la capacité vitale. En outre des déformations thoraciques peuvent diminuer la capacité respiratoire.
  • À l'effort prolongé, la fréquence cardiaque maximale est d'autant plus basse que la lésion est plus haute
  • Il n'y a pas de vaso-constriction en dessous de la lésion lors de l'activité musculaire. En conséquence, le sang s'accumule dans ces muscles, le retour veineux est insuffisant et le volume d'éjection systolique est diminué.
  • La consommation maximale d'oxygène décroît avec l'élévation du niveau neurologique. Elle est une conséquence du faible accroissement du débit cardiaque (produit de la fréquence cardiaque et du volume d'éjection systolique). Elle est due aussi au "gaspillage" d'une partie de l'oxygène consommé par les muscles spastiques.
  • Par ailleurs, la thermorégulation est défectueuse, entraînant une grande sensibilité à la température ambiante et une sudation insuffisante. La zone de sudation est en effet réduite au territoire sus-lésionnel.

L'épilepsie

 

C'est un trouble de l'excitabilité cérébrale susceptible de générer des crises convulsives. Les lésions cérébrales peuvent induire un seuil d'excitabilité nerveuse très abaissé. Un stress d'origine physiologique ou psychologique peut être à l'origine d'une décharge neuronique importante et synchrone : c'est la crise d'épilepsie - ou comitialité. Pour l'éviter, certains élèves, IMC par exemple, devront prendre quotidiennement des médicaments anticonvulsifs.

 

Les troubles neuropsychologiques

Il peut s'agir de troubles acquis à la suite d'un traumatisme crânien, avec la perte de fonctions déjà installées. Ce peuvent être également des troubles de développement liés à la difficulté d'installer une fonction, en raison d'une lésion précoce du cerveau dans le cas d'une infirmité motrice cérébrale.

Ces troubles neuropsychologiques, circonscrits à des domaines particuliers; ne doivent en aucun cas être compris comme l'expression d'Une déficience intellectuelle. On reconnaît principalement:

  • les troubles praxiques, c'est-à-dire de la réalisation des gestes, qui rendent des élèves très maladroits, notamment au niveau de la manipulation, de l'écriture, du graphisme;
  • . les troubles neurovisuels, qui peuvent porter:
  • sur la motricité oculaire. Ce sont des troubles particulièrement mis en évidence chez l'enfant IMC ancien prématuré. Ils constituent une caractéristique importante de la dyspraxie visuo-spatiale.
  • sur les gnosies visuelles, c'est-à-dire sur la reconnaissance d'objets, d'images, de physionomies...
  • les troubles du langage, écrit et oral, qui perturbent la scolarité et la socialisation;
  • les troubles de la mémoire, fréquents chez les enfants ou adolescents traumatisés crâniens ;
  • les troubles des fonctions cognitives, dites "fonctions exécutives", mobilisées pour la réalisation et le contrôle de tâches complexes, c'est-à-dire qui impliquent la définition d'objectifs, une planification des actions dans l'espace et dans le temps, une adaptation des stratégies, le maintien de l'attention et un contrôle assurant l'ajustement des actions aux buts fixés.

Les conséquences psychoaffectives

Les déficiences motrices sont susceptibles d'avoir des conséquences psychoaffectives dont certaines sont plus spécifiques à une atteinte particulière:

  • Le jeune I.M.C est souvent décrit comme étant émotif.
  • Pour le sujet paraplégique, des difficultés peuvent exister en fonction de sa situation sphinctérienne et des astreintes qu'elle provoque: insécurité et dévalorisation liées au retentissement social de mictions mal contrôlées ainsi que dépendance affective liée à la dépendance pour les soins.
  • Quant au traumatisme crânien, les troubles psychoaffectifs, souvent liés aux troubles neurologiques, peuvent se traduire par des états dépressifs ou bien, à l'inverse, des états d'agitation ou d'instabilité. On observe également des comportements désinhibés et inadaptés - isolement, colère, manque de contrôle émotionnel, paroles et gestes déplacés.

Les troubles réactionnels aux déficits et l'histoire douloureuse de l'accident peuvent générer, chez l'enfant ou l'adolescent, divers mécanismes de défense comme le repli sur soi, un déni des réalités ou un état dépressif.

Le traumatisme crânien peut entraîner un choc psychologique important, quand l'enfant ou l'adolescent se découvre différent, et s'accompagner de fluctuations de l'humeur.

De façon générale, tout traumatisme qui vient rompre le cours normal de l'existence peut entraîner des difficultés psychologiques, éventuellement accentuées par les séparations du milieu familial.

Ce serait une erreur de vouloir attribuer à chaque type de déficience des caractéristiques psychologiques spécifiques, partagées par tous ceux qui en sont atteints, comme de prétendre dresser un portrait psychologique universel de tous les sujets présentant une déficience motrice. Certes, ne pas pouvoir faire comme les valides - ne pas pouvoir courir... - et être dépendant est difficile à vivre. De même l'avenir est source d'inquiétude, concernant le choix d'un métier par exemple. Le pouvoir sur son environnement d'une personne présentant une déficience motrice rencontre bien des obstacles et de cette impuissance peuvent résulter des sentiments de frustration, d'insécurité et d'incompétence. La confiance en soi lui fait trop souvent défaut.

Mais les répercussions psychologiques de la déficience ne sont pas les mêmes selon les individus, car elles sont liées à la personnalité de chacun, à son histoire individuelle, aux relations avec l'entourage, notamment familial. Le rôle des professionnels, et en particulier celui des enseignants, est alors essentiel: par leur compréhension des difficultés et des potentialités de l'enfant ou de l'adolescent, et par leur compétence, ils peuvent favoriser sa réussite scolaire et ainsi contribuer à son épanouissement.

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