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Fernand TOURNAN (Président de l'APAJH) Interview - readaptation n°500 - mai 2003


A.P.A.J.H.

Association pour adultes et personnes handicapées

26 rue du Chemin vert – 75541 Paris Cedex 11 – Tél : 01.48.07.25.88

 

 

Estimez-vous, plus particulièrement dans le secteur qui est le vôtre, que l'intérêt porté par les pouvoirs publics et la Société envers les personnes handicapées s'est notablement accru?

Un intérêt sans cesse grandissant s'est développé et s'est accéléré au cours de la dernière décennie pour la situation des personnes handicapées. C'est vrai pour l'ensemble des sociétés, en Europe, et pour ce qui nous concerne directement en France. Le regard et l'intérêt que portent nos concitoyens sur la personne handicapée a changé, et l'évolution favorable en est en bonne part due à l'effort incessant des associations de personnes handicapées Les Pouvoirs Publics durant cette période se sont inscrits dans ce mouvement et ont proposé une politique répondant aux aspirations d'intégration et au désir de plus en plus marqué d'autonomie des personnes handicapées. C'est au niveau des moyens accordés que cette évolution se fait par pallier et marque des pauses, alors qu'il faudrait un effort continue de grande ampleur pour obtenir les progrès attendus.

 

Quelles sont actuellement vos demandes prioritaires?

Il faut effectivement distinguer les demandes prioritaires pour répondre aux besoins urgents recensés.

Plusieurs secteurs sont concernés:

  • Celui des enfants, adolescents, adultes les plus lourdement handicapés, polyhandicapés, traumatisés crâniens, autistes pour lesquels nous manquons de structures et de places en établissements spécialisés.
  • Celui de l'intégration scolaire, pour une intégration individuelle ou collective en école ordinaire.
  • Celui du travail protégé, où les listes d'attente d'entrée en CAT sont partout importantes.
  • Celui des personnes handicapées vieillissantes, où des solutions diversifiées d'accueil doivent rapidement être mises en place.

Ces axes d'action ont été repérés dans la déclaration du Président de la République, lors de l'installation du Conseil National des personnes handicapées le 3 décembre 2002 et nous avons dit notre satisfaction. Il faut maintenant que les moyens annoncés suivent.

 

Plus précisément, n'assiste-t-on pas à une demande de la part des personnes handicapées de vie autonome et de son nécessaire complément: le droit à compensation? Soutenez-vous cette évolution?

Le désir d'autonomie des personnes handicapées, l'aspiration de chacun de construire son projet de vie à partir de ses potentialités est aujourd'hui fortement affirmé. L'APAJH, depuis sa création, se bat sur ce terrain pour aider la personne handicapée, à se situer au plus proche de la vie ordinaire, avec le maximum d'autonomie possible, avec les aides humaines, financières, techniques, indispensables.

Ce qui suppose une large diversification des propositions de projets et de cadre de vie. D'autres types d'accompagnement doivent se développer en complémentarité du réseau des établissements spécialisés.

Nous ajoutons à l'APAJH que pour faire vivre ce principe de compensation, il faut aujourd'hui passer d'une législation d'aide sociale encore inégalement proposé sur l'ensemble du territoire à une offre de services et d'aides financée par la solidarité nationale, et capable de répondre partout aux besoins des personnes handicapées, individuellement.

 

La rénovation de la loi de juillet 1975 sur les personnes handicapées est à l'ordre du Jour. Quelles sont les orientations que ce nouveau texte devrait prendre en compte ?

Outre le point de solidarité nationale pour le financement de la politique du handicap, avec un financeur unique si possible, la rénovation de la loi d'orientation de 1975, doit viser deux aspects fondamentaux:

1/ tous les efforts collectifs à accomplir pour rendre le société accessible aux personnes handicapées (transport - voirie accès aux, services publics, école, mairie, poste, salles de spectacle, ..., logements adaptés).

2/ les aides humaines, matérielles, techniques, financières pour le projet de vie individuel de la personne handicapée à domicile, ou dans une structure spécialisée.

Le cadre de cette nouvelle loi doit permettre de répondre aux besoins individuels des personnes handicapées. D'où un dispositif qui doit prévoir une évaluation de la personne tant au plan de ses déficiences et de ses difficultés fonctionnelles qu'au niveau de ses potentialités, de ses besoins, de ses aspirations.

Cet impératif largement reconnu aujourd'hui de considérer avant tout les possibilités d'évolution de la personne handicapée, nécessitera de revoir complètement les modes de fonctionnement des CDES et des COTOREP.

Autant dire que l'APAJH souhaite une rénovation en profondeur de la loi d'orientation qui dans les programmations à venir permettra de diversifier largement les solutions à proposer à chaque personne handicapée.

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