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Docteur Noël FRANCOIS (centre médical de neufmoutiers-en-brie): "aide à la procréation des couples dont l'homme est para ou tétraplégique, aspects médico-légaux"


I-HISTORIQUE ET STATISTIQUES

Parmi les couples dont l'homme est paraplégique, le désir d'enfant a sans doute toujours existé mais l'intensité de ce désir et la façon de l'exprimer ont récemment évolué en fonction de nombreux facteurs. Parmi ceux-ci, il faut citer l'évolution sociale des mœurs mais aussi les progrès techniques et médicaux.

De plus cela fait seulement 15 à 20 ans que le corps médical s'intéresse vraiment au problème de la procréation chez les couples dont l'homme est paraplégique.

La femme paraplégique peut avoir des rapports et surtout procréer et assez souvent accoucher par les voies naturelles. Mais, il en est autrement pour l'homme paraplégique, qui spontanément a souvent des difficultés pour assurer un rapport correct et pour lequel il est très difficile d'obtenir une éjaculation donc une procréation.

En France chaque année, il existe un nouveau paraplégique pour 5 000 habitants et il est donc dénombré environ 1.000 nouveaux paraplégiques par an.

 

II -EVOLUTION DE LA PRISE EN CHARGE MEDICALE

BORS et COMARR ont publié en 1976 les plus grandes statistiques. De celles-ci on peut retenir que si parmi les paraplégiques, 85% sont incomplets ou complets spasmodiques, 50% de ceux-ci peuvent avoir des rapports mais seulement 5% peuvent à l'époque, procréer spontanément.

La question qui se pose est, certes, ils peuvent avoir des rapports mais de quelle qualité ?

A l'évidence, il semble que, dans de nombreux cas, un certain équilibre s'installe dans le couple, grâce à des techniques souvent inventées et transmises par d'autres couples dont le mari est paraplégique.

En fait, on peut très artificiellement distinguer deux vécus de couples :

  • Celui qui est déjà formé avant l'accident. Il est obligé de s'adapter à la nouvelle « physiologie », c'est difficile à la fois pour l'homme et sa partenaire qui risque de voir sa sexualité également troublée.
  • L'autre cas est celui du couple qui se forme après la survenue de la paraplégie chez l'homme. La femme très souvent en connaissance de cause, décide de vivre avec cet homme et il semble que l'équilibre psychoaffectif soit obtenu de façon plus durable dans ce cas.

L'originalité de notre expérience réside dans le fait que nous avons pu faire évoluer le domaine de la procréation grâce à une meilleure collaboration entre les urologues, gynécologues, spécialistes de la stérilité masculine et des « paraplégistes ».

Dans une très grande majorité, la formulation de la demande d'aide est très claire :il s'agit de savoir si le paraplégique pourra procréer dans un avenir proche ou lointain.

 

A-Chez l'homme paraplégique, le pronostic de fertilité dépend surtout de la définition de la lésion neurologique.

Dans quelques cas, notamment, chez les incomplets spasmodiques, quelques conseils de postures ou d'améliorations de l'érection facilitent les éjaculations.

1- Si la lésion est complète

a- Chez les tétraplégiques dans la majorité des cas, la moelle en dessous de la lésion reprend son automatisme.

Les centres de la fonction génito-sexuelle seront en sous-lésionnel et fonctionneront de façon automatique.

Il faudra donc essayer de découvrir le meilleur moyen de provoquer un arc réflexe par des moyens mécaniques, vibromassage ou éléctrostimulation.

b- les moyens chimiques

En l'absence des réflexes sacrés, on peut avoir recours aux injections locales de produits chimiques. Toutefois les premières injections doivent être pratiquées en milieu médicalisé pour ajuster les doses et réagir si un priapisme s'installe.

Jusqu'en 1993, il était habituel de proposer la PAPAVERINE en ampoules mais depuis, ce produit a été remplacé par les prostaglandines à injecter en intra caverneux ( EDEX. CAVERJECT).

Il est à noter que l'apparition de ces produits d'utilisation relativement simple a eu pour conséquence de faire nettement reculer les prothèses péniennes.

c- Les paraplégiques dont la moelle sacrée a été détruite ne peuvent théoriquement présenter d'érection réflexe.

Il en va de même pour ceux dont le syndrome de la queue-de-cheval est complet. Par contre, la moelle au-dessus de cette lésion étant respectée, le premier temps de l'éjaculation est possible, mais l'évacuation hors des organes génitaux est impossible ou laborieuse.

2-Si la lésion médullaire est incomplète

Ici, les tableaux cliniques sont variés et le psychisme tient alors une place prépondérante. Le sujet peut avoir certaines possibilités de commande, mais celle-ci seront entravées soit par l'importance de ses contractures, soit par le fait qu'il risque de ne pas oser les utiliser au profit de l'installation d'un arc réflexe.

B- Bilan de la fonction génito- sexuelle de l'homme paraplégique

1-Bilan clinique

1-1 A l'opposé de certaines méthodes anglo-saxonnes, nous avons préféré organiser… Les consultations spécialisées sous formes d'entretiens particuliers du paraplégique, accompagné ou non de sa partenaire.

Les consultations spécialisées sous formes d'entretiens particuliers du paraplégique, accompagné ou non de sa partenaire.

Le premier entretien fait apparaître ce sur quoi il faudra mettre l'accent : amélioration de la qualité des rapports, ou plutôt résolution du problème de la procréation, ou bien sûr les deux à la fois.

En outre, les antécédents génito-sexuels de l'homme avant sa paraplégie sont intéressants à connaître(ses habitudes, son vécu, ses tabous) dans la mesure où il faudra les respecter.

1-2 C'est avant tout l'examen neurologique qui permettra de placer les bases du traitement

Il faudra vérifier dans le détail si la lésion est complète ou incomplète sur le plan moteur et sensitif, s'il existe un automatisme sous-lésionnel et dans l'affirmative, si cet automatisme comprend ou non les centres érecteurs et éjaculateurs.

Ensuite, deux autres réflexes sont minutieusement interrogés : le réflexe anal et le réflexe bulbo-caverneux.

A partir de cet examen clinique, quatre types d'érections peuvent être individualisés :

  • Une érection psychogène, qui ne peut être déclenchée que par l'exacerbation de l'appétit sexuel. Elle est rare, environ 5% des cas

Mais, il convient de souligner que la qualité n'est toujours pas très bonne et la durée est assez brève.

  • Une érection réflexe est exclusivement liée à un stimulus, sans participation psychologique. C'est la plus fréquente des cas, 75% environ.

Elle est de bonne qualité, facilement déclenchée mais elle nécessite souvent un entretien pour permettre le rapport.

  • Une érection mixte est l'association de l'érection psychogène et l'érection réflexe
  • Enfin, signalons qu'une érection spontanée, souvent au premier réveil, sans stimulation, non psychologique.
1-3 Quels sont les traitements médicamenteux que l'on peut envisager pour améliorer l'érection ?:des moyens mécaniques et des moyens médicamenteux.

a-les moyens mécaniques permettent, soit de déclencher l'érection, soit de l'entretenir.

Quelques précautions sont nécessaires : il est, ainsi, préférable de déclencher des érections lorsque la vessie et le rectum sont vides depuis quelques instants et arrêter les médicaments néfastes pour l'érection comme le valium.

Par ailleurs, il convient de souligner que certains paraplégiques observent que l'érection est de meilleure qualité s'ils sont assis sur le bord du lit ou sur le bord du fauteuil ou même assis sur le bord de leurs talons, dans la mesure où les amplitudes articulaires et les contractures le permettent.

De plus, il est souvent préférable de ne pas changer de positions entre la mise en route de l'érection et le rapport.

A la masturbation et aux attouchements, classiques peuvent être ajoutés un vibromassage doux par un vibromassage électrique du type de ceux qui sont employés contre la cellulite ou du type ERECAID plus pratique à saisir par un tétraplégique.

Avec cette technique, il faut partir de la racine de la verge et suivre la partie latérale de celle-ci. Il est, alors, parfois nécessaire d'avoir recours à un élastique que l'on glissera à la racine de la verge une fois l'érection obtenue, pour éviter le reflux sanguin qui serait à l'origine de la détumescence de la verge. Mais l'usage de cet élastique demande un soin particulier de la part du paraplégique qui doit être averti des risques cutanés et urétraux.

Nous avons pratiquement abandonné l'emploi des pommades révulsives qui comportent des risques cutanés et sont très inconfortables pour la partenaire.

En cas d'absence d'érection, il a été proposé, dans certains cas bien précis, la mise en place chirurgicale de verge ou plus récemment de prothèse américaines hydrauliques, pas toujours bien tolérées en zone insensible chez des sujets porteurs de collecteurs. Mais, reste que le coût d'achat est très élevé. En outre, soulignons qu'il existe également des prothèses rigides ou semi-rigides, mais les indications sont rares et la tolérance locale du corps étranger de courte durée en milieu insensible.

Le résultat de ces prothèses péniennes dépend de façon importante des désirs du patient, donc de son état psychologique, et nécessite, donc, un abord psychologique indispensable avant toute mise en place de ce type de prothèse.

b-Parmi les moyens médicamenteux on distingue :

1 Les médicaments par voie orale du type Sildenafil (VIAGRA ou plus récemment CIALIS)

2 Les injections intra caverneuses Deux types de molécules peuvent être utilisées : les alphabloquants et les prostaglandines.

L'efficacité des injections intra caverneuses de produits favorisant l'érection a permis de diminuer très nettement les indications de mise en place des prothèses péniennes.

1-4 En ce qui concerne, l'éjaculation

Jusqu'en 1975, on s'accordait pour écrire que seulement 5% des paraplégiques pouvaient procréer.

Cependant, nous avons de bonnes raisons pour voir ce pourcentage s'améliorer, mais avant tout, les moyens thérapeutiques devront découler de la définition neurologique du paraplégique.

Dans la plupart des cas, l'éjaculation se produit rarement au cours du rapport, mais plutôt lors de stimulation vigoureuse. Il faut alors avoir recours à l'insémination artificielle du sperme du conjoint.

En cas d'absence d'éjaculation spontanée, trois groupes de techniques ont été proposés pour tenter de provoquer une éjaculation. Elles nécessitent l'existence d'un segment médullaire lombaire et sacré intact.

Il est à noter que l'absence d'éjaculation est une des séquelles les plus fréquentes de la paraplégie.

Ainsi, dans une revue de la littérature regroupant 604 paraplégies complète, BRINDLEY a noté que l'éjaculation était possible dans 3.6% des cas quand la lésion est cervicale, 3.8% des cas quand elle était dorsale haute et 9.8% des cas quand elle était dorsale ou lombaire.

Parmi, 140 hommes paraplégiques (complets et incomplets) consultant à propos de leur fonction génito-sexuelle, 5.7% seulement avaient une éjaculation au cours du rapport sexuel.

Dans sa thèse, PERRIN n'a recensé que 2 naissances pour 900 paraplégiques. BORS et COMARR n'ont trouvé que 3% d'hommes capables d'avoir des enfants dans une série de 529 patients.

 

■Induction de l'éjaculation chez l'homme paraplégique

Dans un certain nombre de cas, la rééducation permet de développer et de mettre en jeu naturellement les mécanismes de l'érection et de l'éjaculation.

En cas d'absence persistante d'éjaculation, différentes techniques ont été proposées :

  • La stimulation intra-rachidiene est la technique la plus ancienne.

Elle nécessitait l'injection de néostigmine ou de prostigmine qui avait pour effet de provoquer une violente décharge réflexe de tout le segment médullaire sous lésionnel qui se terminait par un écoulement de sperme. Sinon l'éjaculation peut être provoquée par une masturbation dans l'heure qui suit.

GUTTMAN et WALSH ont obtenu 60% d'éjaculation quand la paraplégie était haute et complète, 75 % quand elle était incomplète et 33% quand elle était basse.

De rares grossesses ont été obtenues grâce à cette méthode et elle n'est plus recommandée du fait des risques de complications graves sur le plan cardiovasculaire.

  • Contrairement à la néostigmine ou à la prostigmine, la physostigmine peut être utilisée par voie parentérale.

L'injection sous cutanée est moins agressive mais depuis 1995 le produit n'est plus commercialisé en France.

  • La stimulation électrique : la stimulation est faite par l'intermédiaire d'une électrode placée dans le rectum. Elle n'est indiquée que dans le cas de paraplégie complète sur le plan sensitif.

Mais, un risque de lésion de la muqueuse rectale par électrolyse et /ou hyperthermie est à noter et cette technique ne peut être employée que par un médecin. Nous avons obtenu une éjaculation antérograde chez 42% des 31 stimulés et BRINDLEY chez 43% ( 86 hommes). Dans la plupart des cas, il n'y a pas d'éjaculation franche mais une émission du sperme qui « suinte » par le meat urétral.

  • La stimulation mécanique : l'application d'un vibromasseur sur le pénis peut déclencher une éjaculation réflexe. Cette technique a été utilisée avec succès chez l'homme normal et le paraplégique.

Ainsi, il a été dénombré 72% de succès chez 50 sujets dans une première série étudiée. La stimulation mécanique est apparemment sans danger, le seul risque étant l'apparition de manifestations modérées d'hyper-réflectivité autonome quand la lésion médullaire atteint le niveau cervical.

En 1983, nous avons publié le bilan d'une consultation spécialisée sur la fonction génito-sexuelle des paraplégiques. Différentes techniques ont été utilisées pour tenter d'obtenir une éjaculation chez 140 hommes (87 paraplégies complète et 53 incomplètes).

L'éjaculation par des moyens naturels n'a été possible que dans 11,4% des cas. Le vibromassage a été efficace dans 48,5% des cas et l'électrostimulation dans 19,3% des cas.

Que ce soit par une méthode ou par une autre, une éjaculation a pu être obtenue dans 80% des cas.

■Caractéristiques du sperme et fécondité de l'homme paraplégique (Résultats personnels)

a-Caractéristiques cytologiques du sperme

Les résultats positifs obtenus avec les différentes méthodes de stimulations de l'éjaculation décrites ci-dessus nous ont permis d'entreprendre une étude des caractéristiques du sperme des hommes paraplégiques.

L'étude porte sur une série de 35 hommes âgés de 17 à 42 ans et le temps écoulé depuis le traumatisme était en moyenne de 8.7ans (1 à 20 ans ).

De manière schématique, le sperme des hommes paraplégiques se caractérise par un faible volume, une bonne concentration de spermatozoïdes avec un faible pourcentage de spermatozoïdes mobiles et des altérations morphologiques assez nombreuses. b-La fécondité

Parmi les 112 hommes ayant obtenus au moins une éjaculation dans la série que nous présentons, 83 désiraient un enfant.

  • aucune intervention médicale n'est nécessaire quand le sperme est éjaculé naturellement.
  • Mais, lorsque le sperme est recueilli par la masturbation ou vibromassage, il faut avoir recours à une insémination artificielle qui peut être pratiquée soit par un médecin soit par l'homme à domicile. L'électro-stimulation a toujours été pratiquée par un médecin et l'insémination a été faite à l'hôpital.

Parmi, les 83 hommes qui souhaitaient un enfant, 38 avaient des éjaculations trop rares et aléatoires et/ou une qualité spermatique insuffisante pour que des inséminations puissent être envisagées.

45 couples ont été en situation de procréation. Pour 6 d'entre eux, il s'agissait de rapport sexuel. Les inséminations ont été faites par le médecin uniquement dans les 17 cas, par l'homme dans 19 cas et alternativement par l'un et l'autre dans 3 cas.

Il y a eu 43 grossesses chez 33 couples (34 enfants et 9 fausses couches).

La répartition des 33 couples ayant obtenu une grossesse en fonction du type d'éjaculation est la suivante :

  • Ejaculation naturelle :6
  • Masturbation :2
  • Vibromassage :19
  • Electro-éjaculation :5
  • Test à l'Eserine :1

2- Discussion concernant les méthodes de stimulations mécaniques ou chimiques

L'absence d'éjaculation est la séquelle la plus fréquente et la plus invalidante selon nous chez de très nombreux hommes. Quand la lésion médullaire est incomplète, l'éjaculation peut être obtenue par des moyens naturels dans 30% des cas environ mais pratiquement jamais quand la lésion est complète. La mise au point récente de différentes techniques d'induction de l'éjaculation a radicalement transformé la situation puisqu'elles se révèlent efficaces dans 80% des cas.

Le fait que le type de réponse à la stimulation puisse prendre des formes très différentes selon le niveau de la lésion a incité certains auteurs à proposer l'utilisation des méthodes d'induction de l'éjaculation comme outils de diagnostic. Ces techniques peuvent apporter une contribution à la définition de la lésion médullaire en distinguant le syndrome lésionnel cérébro-spinal et végétatif.

En principe c'est uniquement s'il est impossible de provoquer l'éjaculation par des moyens naturels que le vibromassage sera essayé puis en derniers recours l'électrostimulation.

Par ailleurs, il convient de souligner que les altérations du sperme pourraient être des conséquences indirectes de la paraplégie et du manque d'entretien de la fonction spermatique.

Malgré les nombreuses altérations spermatiques observées, il est possible de faire preuve d'un optimisme mesuré quant aux capacités de procréation des paraplégiques. En effet, les résultats obtenus sont encourageants puisqu'on dénombre 73% de grossesse dans les cas où un rapport sexuel était possible ou une insémination artificielle pratiquée sont survenus et de 40% de grossesse si on tient compte de tous les hommes qui souhaitaient avoir un enfant.

Ces taux sont très supérieurs à ceux des grossesses obtenues spontanément par les paraplégiques. Malgré ces résultats, les taux de grossesse restent, cependant, faibles.

Mais un constat s'impose, si depuis 15 ans, le pourcentage de succès de procréation a évolué de 5 à 30% pour les couples dont le mari est paraplégique et dont le niveau neurologique de l'homme paraplégique est de D10 et au-dessus, il n'en est pas de même pour ceux dont la lésion neurologique intéresse des métamères D12 L1 L2.

3- La ponction directe des différents

La suite des travaux de BUSTILLO et RAIFER de l'université de LOS ANGELES publiés fin 1986 dans « FERTILITY AND STERILITY » l'équipe du KREMELIN BICETRE a mis au point une technique de ponction directe des déférents pour obtenir des spermatozoïdes chez les paraplégiques en cas d'échec des méthodes dites classiques précédemment décrites.

Nous vous faisons part des résultats obtenus chez 10 couples dont :

  • La moyenne d'âge des hommes paraplégiques est de 37 ans avec des extrêmes entre 30 et 45 ans.
  • Le recul par rapport à l'accident est en moyenne de 14 ans.
  • L'homme et la femme vivent en couples depuis environ 6 ans et dans notre série 10 sur 10 ont un syndrome complet et de 4 sur 10 un syndrome incomplet sensitif complet moteur.

Sur le plan génito-sexuel les hommes paraplégiques

a-Présentent dans 4 cas sur 10 absences totales d'érection

b- 3 sur 10 ont recours à la papavérine pour obtenir une qualité des érections qui permettent des rapports corrects.

C- et dans 3 cas sur 10, il existe des érections réflexes du fait de la persistance d'un cône médullaire actif.

Chez tous ces paraplégiques, nous avons procédé de façon systématique à différents modes de stimulation avant de proposer les ponctions des déférents ;

Chez 3/10, il n'a pas été possible d'obtenir d'éjaculat et parmi les 7 chez qui nous avons pu obtenir du sperme, la qualité de celui-ci ne permettait pas d'envisager des inséminations.

Par ailleurs, les quelques résultats positifs étant trop aléatoires, on ne peut envisager le monitoring de la femme dans le but d'une insémination.

Dans les cas d'hypofertilité du sperme du conjoint, il est indiqué d'apporter un soin particulier à la préparation gynécologique de l'épouse.

En effet, nous avons observé dans 6 cas sur 10 des cycles irréguliers, une qualité de glaire cervicale devant être amélioré dans 5 cas sur 10 et dans les antécédents, il avait été remarqué un curetage pour les polypes une fois, par ailleurs une des épouses avait déjà été enceinte avant l'accident de son mari.

Parmi les 10 paraplégiques, dans 3 cas, il n'a pas été possible de retrouver les spermatozoïdes à la ponction des deux cotés. Pour 4 d'entre eux, il n'a été nécessaire de pratiquer qu'une ponction d'un seul côté du fait delà qualité de ce qu'on a recueilli. Pour des raisons techniques, dans 3 cas il a été nécessaire de pratiquer 2 ponctions notamment pour obtenir un volume plus grand dans le cas de résultats positifs.

Lorsque les résultats de ponction étaient positifs, il a été procédé à chaque fois (7 fois sur 10) à une insémination puisque les ponctions ont été pratiquées quand la période fécondante était optimum chez l'épouse.

A l'époque, nous avions observé une grossesse biologiquement prouvée mais qui malheureusement n'a pu aller jusqu'à son terme. Mais, depuis 5 grossesses ont mené à leur terme.

Une analyse des causes d'échec met en valeur le fait que cette technique s'inscrit comme l'ultime recours de l'Insémination Artificielle de sperme Conjoint (IAC) avant l'Insémination Artificielle de sperme de Donneur (IAD).

Même si on assiste dans 4 cas sur 10 à une amélioration de la qualité du sperme qui permet une congélation, les quantités restent très modestes et donc les possibilités de nouvelles inséminations réduites.

Depuis 6 ans, les résultats de procréation médicalement assistée se sont améliorés, grâce à l'utilisation de l'I.C.S.I. (Intra Cytoplasmique Spermatozoïde Injection) qui permet dans 15 à 20 % des cas, d'obtenir un embryon in vitro que l'on placera dans l'utérus de la femme.

III- ETHIQUE ET PROCREATION :« Tout ce qui est scientifique n'est pas nécessairement éthique ».

La stérilité renvoie l'image d'un corps altéré qui est vécue de manière différente chez l'homme et la femme. Ainsi, pour l'homme, elle signifie souvent une atteinte à sa virilité et à sa puissance sexuelle. La stérilité est culturellement lourde à porter pour l'homme car c'est à lui que revient de transmettre le nom. Pour la femme, elle signifie plus l'impossibilité de grossesse ; celle-ci lui confère en effet, le statut social fantasmatique de la femme, de la mère, d'où un sentiment d'échec personnel et social si la grossesse est impossible.

Ce qui est certain, c'est que pour l'homme et la femme paraplégique, la stérilité est une blessure supplémentaire.

Ainsi, une question s'impose :jusqu'où un couple peut-il aller pour remédier à leur insuffisance en matière de fécondité et jusqu'où la société les aidera-t-elle ?

Il y a d'une part une évolution des techniques, d'autre part une évolution de la mentalité d'une société. Nous sommes dans une société industrialisée dans laquelle il existe une dénatalité et dans laquelle théoriquement on peut avoir un enfant quand on le veut mais pour certain cet enfant ne vient pas.

Il faut alors regarder l'enfant soit dans le domaine du possible médical soit lorsque cela n'est pas possible, il faut, alors, tenir compte d'autres alternatives : adoption, parrainage…

Ce qui est certains c'est que l'on ne vaincra jamais la stérilité et il convient, donc, de se soucier des couples qui seront stériles sans toutefois fois leur faire peser une pression trop grande.

Actuellement, seulement 15% des chances de succès sont offertes aux couples qui viennent pour une fécondation in vitro.

La PMA a largement contribué à la médicalisation de la procréation. L'enfant à naître n'est pas un bien garanti à acquérir par un consommateur. La tension qui créée dans la société renforcée par les médias fait que si l'on arrive pas à avoir un enfant au moment voulu et selon une manière définie, on n'est pas dans la norme : de l'enfant rêvé à l'enfant conforme.

D'autres parents nous disent « le désir d'enfant s'était tellement imposé à nous, que tout le reste n'avait plus d'importance ».Heureusement, plus tard, ils nous révélaient « nous avons pris conscience que ce projet ne devait pas nous faire oublier le reste ».

Ces autres parents qui avaient réussi à obtenir un enfant IAD nous signalaient la réflexion de leur fils de 15 ans : « finalement, tu n'es pas mon père ». Le couple nous dit alors : « c'est nous qui l'avions choisi, qui l'avions élevé, qui avons eu le désir de l'avoir à deux. C'est un enfant de l'amour ».

Les enfants qui sont nés par la FIV ont maintenant 20 à 22 ans et une enquête est difficile à mener dans la mesure où c'est sous le sceau du secret qu'à été faite l'insémination.

De plus, on peut s'interroger sur le fait de savoir si on doit contribuer à la mise en danger d'un équilibre précaire sachant qu'un des membres voir les deux du couple est gravement handicapé ?

Alors, on peut légitimement se demander que devient l'enfant dans un tel contexte ?

Pour certains cas, ne devraient-on pas penser aux démarches sociales et psychologiques qui sont des règles lors du processus d'adoption avant de se lancer dans des IAC ou IAD ?

En résumé, depuis les 15 dernières années chez les para et les tétraplégiques : les questions de conscience posées aux médecins tournent autours de l'emploi des techniques de stimulations mécaniques ou chimiques, ou de ponction directe des spermatozoïdes au niveau des déférents en fonction des cas cliniques et des contextes sérieux présentés par les patients et les couples.

I A D : Insémination Artificielle par Donneur I A C : Insémination Artificielle du Conjoint.

En conclusion :

Pratiquer un :

  • Examen clinique soigneux pour s'adapter à chaque cas.
  • Informer et expliquer pourquoi on emploi telle ou telle technique.
  • Accompagner les couples lors de leurs démarches et essais et expliquer les résultats.
  • Les autonomiser le plus possible car des résultats positifs de procréation sont parfois obtenus à domicile à partir des techniques enseignés au cours des consultations.
  • Pratiquer une progression dans la complexité des techniques employées.
  • Utiliser avec discernement les techniques les plus médicalisés de ponctions des déférents ou de biopsie-testiculaire pour procéder à une I.C.S.I. dans le cadre de la PMA.
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