Marcel NUSS En arrière toute !
Fondateur de la Coordination handicap et Autonomie, Marcel Nuss redoute que les personnes nécessitant un accompagnement constant soient les victimes expiatoires de la politique gouvernementale de rigueur budgétaire. D'abord le Premier ministre, François Fillon, qui annonce début mai une réduction des dépenses d'intervention de l'État de 10 % sur trois ans, et l'Allocation aux Adultes Handicapés en faisant partie, il revient ainsi sur la promesse du Président de la République d'augmenter celle-ci de 25 % en cinq ans, avant de reculer et d'étaler désormais cette revalorisation sur six ans... Puis le sénateur Jean Arthuis, Président de la commission des Finances, qui déclare sur France Inter, le 31 mai 2010 : "En matière de dépenses, je voudrais aussi souligner l'incohérence législative et l'incohérence de gouvernance. Nous n'arrêtons pas d'édicter des normes, par exemple, une loi sur les handicapés, qui est certainement excellente au plan humain mais, budgétairement, je considère que toutes les mesures prévues ne sont pas finançables dans la situation de nos finances publiques. Je voudrais qu'il y ait un retour à la raison. On n'arrête pas d'édicter des normes nouvelles qui toutes aboutissent à des suppléments de dépenses publiques..." En somme, il prône la fin de la Prestation de Compensation du Handicap ou l'instauration d'un succédané de PCH. Si c'est ainsi qu'on pense résorber les effets de la crise, je pense que c'est un très mauvais calcul. Car le champ du social est, non seulement, un vecteur d'humanisation et d'insertion mais, également, un facteur économique majeur. S'attaquer à la PCH, c'est prendre la responsabilité de stopper l'élan d'autonomisation et d'insertion suscitée par la loi de 2005, de précariser les personnes auxquelles le Président de la République avait promis " monts et merveilles " en juin 2008, lors de la Conférence Nationale du Handicap, tout en se gaussant d'avoir, lui et sa famille, la chance de ne pas être handicapé... Vouloir s'attaquer au déficit en s'attaquant au domaine social, c'est à mes yeux un signe d'incompétence. Il est évident qu'à court terme la politique du handicap coûte cher, très cher. Mais on n'impulse pas, on n'envisage pas une politique sociale à court terme. Ce secteur nécessite non pas de l'opportunisme, mais d'avoir une vision à long terme, et donc de la lucidité et du courage. Des qualités qui manquent cruellement chez bon nombre de politiques.
Marcel Nuss, août 2010. |
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