ALT_BANNIERE
ALT_BANNIERE

Jean Foret - Entretien avec le Professeur Marc Tadié président de l'IRME : Institut pour la Recherche sur la Moelle Epinière et l'Encéphale (Revue Résurgences - N°40 - Décembre 2009)


Entretien avec le Professeur Marc Tadié président de l'IRME : Institut  pour la Recherche sur la Moelle Epinière et l'Encéphale[1]

Auteur : Jean Foret  AFTC IDF/Paris 

Lors d'un entretien, le Professeur Tadié nous a présenté l'état actuel et les perspectives de l'IRME : il est président du Conseil d'Administration de cette association depuis 2005[2].

 L'IRME (association loi 1901)  a été fondé en 1984 par Jean Delourme, parent d'un jeune tétraplégique. Ses ressources financières proviennent uniquement de dons privés émanant de particuliers, d'entreprises ou d'organisations institutionnelles.

 Le but de l'IRME est de susciter, de soutenir, de coordonner et de diffuser des recherches sur les traumatismes du système nerveux. Il est intéressant pour l'UNAFTC de noter que le « ME »de IRME, qui signifiait au moment de la création de l'association « Moelle Epinière », est devenu « Moelle Epinière et Encéphale »depuis 2005. Cet élargissement des centres d'intérêt a pour objectif de stimuler la recherche sur les lésions cérébrales et  s'explique par la similitude des effets des lésions sur les neurones médullaires et cérébraux et donc des recherches nécessaires à leur propos, même si l'impact manifeste sur l'état des patients peut être différent.

L'IRME s'est doté d'un conseil scientifique international indépendant dont le directeur est le professeur François Clarac et qui sélectionne des projets de recherche, en réponse à des appels d'offre sur des thèmes ciblés, afin de susciter la recherche dans certains domaines. Les projets retenus reçoivent une aide financière importante et leurs responsables sont tenus de rendre compte de la réalité de leur travail pour disposer de la subvention dans sa totalité.

La question essentielle pour nous, qui représentons des personnes cérébro-lésées et  leurs familles, résumée en quelques mots, est : peut- on espérer refaire fonctionner des neurones lésés ou en créer de nouveaux ? Bien entendu, les équipes de recherche s'attaquent chacune à un problème beaucoup plus limité que cette formulation et qui peut paraître très éloigné de toute traduction thérapeutique. Néanmoins, tous ces travaux s'appuient sur un changement fondamental récent dans les dogmes en matière de neurophysiologie : contrairement à ce qui était admis depuis toujours, une zone neuronale lésée par traumatisme ou anoxie (= manque d'oxygénation) peut ne pas être définitivement non-fonctionnelle. Même si les personnes victimes de lésions cérébrales acquises et leurs proches peuvent avoir du mal à comprendre l'intitulé de certaines recherches, l'espoir d'une régénération neuronale les concerne au premier chef et c'est pourquoi l'UNAFTC est présente dans le Conseil d'Administration de L'IRME. On peut citer quelques thèmes de recherche : repousse axonale (le neurone lésé peut-il recommencer à lancer de nouvelles fibres de connexion ?) ; cicatrice gliale (peut-on lutter contre le renforcement d'une section de neurone ?) ; imagerie cérébrale perfectionnée par rapport à l'IRM actuel insuffisant pour détecter de petites lésions  (IRM par tracking de fibres permettant de repérer des lésions dans les faisceaux de fibres) ; rôle de la rééducation sur la restauration d'une fonction ? ; interface homme/machine.

Sans que cela relève du cynisme de chercheur plongé dans sa recherche, on peut affirmer que les lésions traumatiques du système nerveux constituent un bon terrain d'étude (un « modèle » intéressant) pour les recherches théoriques en neurophysiologie, car leur origine est nettement définie (ce qui n'est pas le cas d'autres maladies du cerveau). L'opinion du Professeur Tadié est qu'on pourra parler de succès pour ces diverses recherches quand on aura rétabli l'autonomie d'une fonction détruite par un traumatisme, par exemple la respiration chez certains tétraplégiques dépendant d'une aide respiratoire.

 Bien entendu, on ne peut pas éviter de lui poser la question : quand peut-on attendre ces progrès ? Il avance le chiffre de cinq ans comme délai de  cette première étape. Espérons que sa prévision est exacte !

L'autre facette des intérêts de l'IRME concerne les retombes médicales des recherches scientifiques qui viennent d'être mentionnées. Elles impliquent que soient construites des coopérations entre différentes spécialités médicales : chercheurs, cliniciens, réanimateurs, chirurgiens, rééducateurs, neurologues :  les familles de blessés ont appris combien ces coopérations sont difficiles, alors que les personnes victimes de lésions cérébrales acquises  sont toutes sans exception des cas complexes qui nécessiteraient une approche médicale pluridisciplinaire. Là se trouve sans doute le cœur d'une coopération entre l'UNAFTC et l'IRME. Les familles peuvent apporter des questions réalistes, pragmatiques  et pertinentes à partir de leurs expériences et de leurs préoccupations (nous avons évoqué, par exemple, le cas fréquent de l'apparition de l'épilepsie dix ou quinze ans après l'accident et les lésions. On n'a aujourd'hui qe peu d'explications à ce phénomène peu en accord avec ce qu'on croit savoir de l'épilepsie).

L'IRME ne soutient pas seulement la recherche fondamentale, mais veille aussi à lui assurer des retombées cliniques. Ainsi le premier travail serait-il d'assurer une prise en charge plus rapide et plus efficace des traumatisés pour limiter les lésions induites. C'est le but du Trauma Center bientôt ouvert à l'Hôpital Nord de Marseille et qui sera capable d'accueillir l'ensemble des accidentés. Il fera partie d'une fédération d'équipes existantes dans la région et qui travaillent déjà, dans le domaine fondamental ou clinique, sur les traumatismes du système nerveux : « Fondation IRME Méditerranée Traumatisme : FIMT ».

Nous essaierons de  rendre compte régulièrement dans Résurgences des recherches soutenues par l'IRME et du partenariat IRME/UNAFTC. 

 

Jean Foret  AFTC IDF/Paris  mail : jeanm.foret@laposte.net

 

Coordonnées IRME : irme@noos.fr   Site : http://www.irme.org/

 Publication trimestrielle: «  La Lettre de l'IRME »

Congrès FRM-IRME-ICM date : 4 et 5 novembre 2009. Thème : « Interface Cerveau/Machine »

 

 

 



[1] Service de Neurochirurgie. Hôpital Bicêtre.

[2] Nous tenons à remercier le professeur Tadié pour son accueil, son écoute et le temps qu'il nous a consacré.

 

Retour